Nous appelons à une solidarité mutuelle et renforcée entre les différentes entités de soins ; des soins à domicile aux centres de soins résidentiels. Il y a lieu d’étudier la possibilité de détacher des infirmiers et infirmières bien formés et préparés du secteur des soins aigus vers le secteur des soins résidentiels. Des dispositions politiques rapides doivent être prises à cet effet. Nous prions instamment tous les gouvernements d’unir leurs efforts et de prendre leurs responsabilités pour fournir d’urgence aux MR-MRS des équipements de protection suffisants, des médicaments, ainsi que les tests de dépistage du coronavirus nécessaires.

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame,
Monsieur,

Lettre ouverte de l’UGIB concernant la situation lors de la crise du Coronavirus dans les centres de soins résidentiels en Flandre, en Wallonie et en Belgique germanophone

L’Union Générale des Infirmiers de Belgique (AUVB-UGIB-AKVB) est une association qui rassemble 46 organisations professionnelles infirmières. Nous représentons la profession infirmière en Belgique et dans les trois régions et communautés et couvrons ainsi tous les aspects de la formation et de l’exercice de cette profession. À ce titre, nous représentons les 140 000 professionnels actifs dans notre pays.
Les infirmiers possèdent une solide formation et constituent l’épine dorsale de notre système de santé ! Ils sont confrontés à des situations de crise et se trouvent désormais quotidiennement en première ligne pour ce qui est des soins aux patients atteints du COVID-19. Et ils relèvent brillamment ce défi !
Nous voulons néanmoins tirer la sonnette d’alarme quant à la situation au sein des centres de soins résidentiels. La négligence de ces dernières années et les économies réalisées dans le secteur des soins résidentiels sont à l’origine d’un manque patent de personnel qualifié aujourd’hui. Le secteur fait tout ce qui est en son pouvoir, mais réclame à corps et à cris davantage d’infirmiers bacheliers dans les centres de soins résidentiels. Une pénurie de personnel infirmier accroît le risque d’infections, d’erreurs médicales, voire de décès.
L’UGIB a soulevé le problème au niveau fédéral lors d’une récente consultation avec le cabinet De Block. Nous avons exprimé notre inquiétude quant au fait que le Coronavirus menace de dévaster les centres de soins résidentiels. Nous avons réclamé une communication rigoureuse ainsi que l’organisation d’une consultation conjointe dans l’urgence entre les (neuf !) cabinets compétents pour traiter la problématique règnant au sein des MR-MRS.
Un certain nombre de mesures ont été déployées de manière pertinente, notamment sous l’impulsion de cette consultation interministérielle. Entre-temps, un site Internet avec une liste de volontaires a été mis en place, des formations en ligne sont proposées au personnel de santé, la proposition d’opter pour une répartition en cohortes a été déposée, 20 000 tests de dépistage du coronavirus sont en cours de distribution dans les MR-MRS, du matériel de protection médicale est livré par différents biais, etc.
En outre, la possibilité d’un échange entre divers établissements de soins est actuellement explorée. Une belle initiative, tout à fait judicieuse. En effet, comme le veut la règle : «  nécessité fait loi  ».
Mais cela n’est pas sans risques. Nous considérons qu’une délégation précise des tâches est essentielle et souhaitons que les compétences nécessaires soient prises en compte. Les actes infirmiers doivent continuer à être prodigués de manière correcte et qualitative. Le statut et les différentes assurances doivent également être clairs. Les infirmiers et infirmières endossent en effet une part de responsabilité finale à cet égard. En période de crise, nous avons besoin des infirmiers et infirmières pour organiser les soins en tant que responsables d’une équipe structurée. Ils revendiquent à cet effet un soutien suffisant par le biais de la mise à disposition de personnel auprès des patients, mais aussi de ressources suffisantes (matériel de protection, médicaments…) pour que cela soit possible.
La situation devient chaque jour plus compliquée dans plusieurs MR-MRS. De plus, nous serons bientôt confrontés à un problème supplémentaire dans le cadre de l’accueil post-COVID. Les centres de soins résidentiels pourront-ils à nouveau prendre en charge les patients COVID-19 ayant été écartés ?
Où trouver la solidarité nécessaire ? Il s’agit d’une situation difficile. Nous appelons à une solidarité mutuelle et renforcée entre les différentes entités de soins ; des soins à domicile aux centres de soins résidentiels. Il y a lieu d’étudier la possibilité de détacher des infirmiers et infirmières bien formés et préparés du secteur des soins aigus vers le secteur des soins résidentiels. Des dispositions politiques rapides doivent être prises à cet effet, tant pour la perte des hôpitaux que pour celle de ces infirmiers et infirmières.
Nous prions instamment tous les gouvernements d’unir leurs efforts et de prendre leurs responsabilités pour fournir d’urgence aux MR-MRS des équipements de protection suffisants, des médicaments, ainsi que les tests de dépistage du coronavirus nécessaires. Les soins en cohorte doivent pouvoir être organisés de manière professionnelle. Nous demandons également que le personnel, qu’il soit actif dans les soins directs ou indirects, bénéficie d’un soutien psychologique. Les membres du personnel des MR-MRS témoignent une grande solidarité, mais aussi beaucoup de peur et d’insécurité et surtout une forte inquiétude pour le bien-être des résidents.
Nous vous prions d’agréer, Mesdames et messieurs les ministres, Madame, Monsieur, nos salutations distinguées.

Paul Sonkes – Président de l’AUVB-UGIB-AKVB
Daniel Schuermans – Vice-président de l’AUVB-UGIB-AKVB
Hilde Driessens – Présidente de la Chambre Néerlandophone AUVB
Adrien Dufour – Président de la Chambre Francophone UGIB
Josiane Fagnoul – Présidente de la Chambre Germanophone AKVB