Contre une vaccination par les pharmaciens

L’Union Générale des Infirmiers de Belgique ne veut pas que les pharmaciens administrent les vaccins contre la grippe. – La recherche et la concertation durables d’abord !

Début septembre, la revue spécialisée « De Apotheker » a indiqué que selon une enquête réalisée parmi ses membres, 62 % des pharmaciens qui ont répondu considéraient que l’administration de vaccins, notamment contre la grippe, pourrait faire partie de leurs tâches. Les vaccinations deviendraient dès lors possibles en pharmacie. Dans la revue Artsenkrant, l’Algemeen Syndicaat van Geneeskundigen van België désapprouve les conclusions de cette enquête.

De son côté, l’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB) rappelle que l’administration d’un vaccin par un infirmier constitue une prestation technique de l’art infirmier soumise à une prescription médicale. Jusqu’en 2016, les infirmiers étaient uniquement habilités à préparer et administrer les vaccins en présence d’un médecin. En 2016, l’arrêté royal du 18 juin 1990 portant fixation de la liste des prestations techniques de l’art infirmier a été modifié sur la base d’un avis positif de l’Académie royale de Médecine de Belgique et de la Commission technique de l’Art Infirmier (CTAI). L’administration d’un vaccin est devenue un acte B2 et donc une prestation technique de l’art infirmier soumise à prescription médicale. Cette décision a été prise en vue d’optimiser la politique de prévention. La vaccination par les infirmiers permet, en effet, d’augmenter la couverture vaccinale de la population.

Depuis le 9 avril 2016, les infirmiers peuvent administrer des vaccins sans que la présence d’un médecin soit nécessaire. D’autres conditions doivent néanmoins être remplies. L’administration n’est possible que sur prescription d’un médecin et l’infirmier doit exécuter l’acte de bonne foi, en son âme et conscience. En d’autres termes, la personne qui administre le vaccin doit disposer de la formation et des connaissances supplémentaires et suffisantes, notamment concernant la gestion des effets secondaires et l’administration des premiers soins en cas de choc anaphylactique.

Ainsi, le médecin reste responsable de l’avis médical. Dans le cadre de l’exécution d’un acte B2, l’infirmier comme le médecin ont une reponsabilité juridique engagée.

Concernant le souhait des pharmaciens de pouvoir administrer des vaccins, il existe effectivement plusieurs arguments favorables comme souligné par le Vlaams Apothekers Netwerk (VAN).

En effet, les pharmaciens disposent des connaissances évidentes nécessaires, notamment la pharmacodynamique, la pharmacocinétique et les possibles interactions entre les médicaments. Ils peuvent donc aider à diffuser des informations correctes quant à l’utilité des vaccins, et contrer les « fausses informations » et angoisses de nombreux patients à ce sujet.

L’éventuelle administration du vaccin contre la grippe par les pharmaciens soulève toutefois une série de questions : qu’en est-il de la condition supplémentaire stipulant qu’il faut disposer d’une prescription médicale ? Qu’en est-il de la gestion des effets secondaires et de l’administration des premiers soins en cas de choc anaphylactique ? Qui sera responsable en cas de complications ? Comment cela sera-t-il organisé ? Quelle nomenclature INAMI les pharmaciens utiliseront-ils pour cet acte de l’art infirmier ? Les pharmaciens pourront-ils également établir un diagnostic et rédiger une prescription ? Est-ce une valeur ajoutée pour le bénéficiaire de soins? Comment la sécurité des patients et la qualité des soins seront-elles garanties?

Il reste donc de nombreuses questions et imprécisions. Au vu de ces inquiétudes, l’UGIB pense qu’il faut commencer par obtenir des argumentations scientifiques en fonction des gains d’efficacité et au niveau de la qualité des soins pour les patients. Ce n’est qu’ensuite qu’une décision étayée pourra être prise concernant des tâches et responsabilités clairement définies.

voir aussi:

https://www.artsenkrant.com/actueel/eerst-onderzoek-en-overleg/article-opinion-41557.html