Les "Blouses blanches"

Les « Blouses blanches »

Madame, Monsieur,

Ces dernières semaines, un certain nombre d’actions ont eu lieu dans les hôpitaux bruxellois (réseau hospitalier IRIS), les mardis des  » blouses blanches « . Nous avons également été informés d’une demande de grève qui devait être planifiée fin juin dans les hôpitaux de la Région de Bruxelles-Halle-Vilvorde.

Certains membres nous ont demandé quelle était la position de l’Union Générale des Infirmier(e)s de Belgique sur ces mesures.

En réponse à ces questions, l’UGIB rappelle sa position telle qu’exprimée dans son Mémorandum Politique 2019. Ces points ont également été transmis aux différents présidents des partis politiques juste avant les élections.

Priorités au niveau du Gouvernement fédéral :

Augmenter la qualité des soins pour le patient en réduisant la charge de travail et le stress lié au travail des infirmiers. Cela peut se faire par le biais d’un allègement de la charge de travail en fonction du nombre de patients par infirmier et par horaire pour l’aligner à la moyenne européenne. Concrètement, cela signifie une réduction de la prise en charge des infirmiers de 11 à 8 patients et implique une augmentation du nombre d’infirmiers au chevet du patient, une clarification des tâches, une diminution du travail administratif, une suppression progressive des soins superflus, etc.

Les infirmiers constituent le groupe professionnel le plus large. Leur représentation au sein des organes consultatifs officiels, tant au niveau fédéral qu’institutionnel, doit donc s’y conformer. L’implication des infirmiers peut être renforcée par la garantie d’une représentation réelle et équilibrée de la profession infirmière dans les processus décisionnels les concernant et, de manière plus générale, dans les dispositions relatives aux établissements de soins de santé (CFEH, commissions de conventions de l’INAMI, réseaux hospitaliers, IFIC, etc.). En outre, un financement suffisant et récurrent doit être mis en place pour l’Union Générale des Infirmier(e)s de Belgique, et des incitants doivent également être proposés pour encourager l’affiliation des infirmiers aux organisations professionnelles.

Attribution d’un seul titre professionnel infirmier, à savoir celui « d’infirmier responsable des soins généraux », au niveau bachelier (niveau de qualification 6) avec une filière de formation euroconforme de 4 ans. La qualité de la formation en soins infirmiers doit obtenir le titre européen pour permettre de dispenser des soins de qualité, rendre possible l’évolution future de la profession et en promouvoir l’image.

Priorités au niveau des Gouvernements régionaux et communautaires :

Chaque bénéficiaire de soins devrait savoir avec certitude quel prestataire lui administre ses soins. Cela implique un profil professionnel reconnu et un profil de formation pour chaque niveau de qualification (niveaux 3 à 7) avec des responsabilités et des activités clairement identifiées.

Cela est rendu possible par :

  • le modèle de fonctions pour les soins infirmiers du futur  élaboré par le Conseil fédéral de l’art infirmer, qui fera l’objet d’un suivi ;
  • et l’harmonisation de la formation aux profils professionnels établis par le Conseil fédéral de l’art infirmier.

Il en résulte :

  • des descriptions de tâches des infirmiers claires et orientées vers l’avenir (avec le contenu et les possibilités offertes par la profession) ;
  • dans les différents domaines professionnels (p. ex. : la prévention) ;
  • une prise en compte de la digitalisation du domaine d’activité ;
  • et une exécution sûre et de qualité (avec délégation, diagnostic infirmier, subsidiarité, etc.).

Mesures visant à obtenir un effectif suffisant et plus nombreux d’infirmiers en vue de dispenser des soins de qualité aux patients. Cela implique également un changement dans la perception de la profession infirmière, qui évolue d’un poste de dépenses à un professionnel apportant une valeur ajoutée substantielle aux soins de santé mentale et aux soins de santé physique qui, ensemble, assurent une augmentation du bien-être social.
Pour assurer cette valeur ajoutée, le visa d’exercice de la profession infirmière doit garantir un « permis d’exercer », une formation euroconforme avec accréditation, la fourniture d’un EBP et de soins de qualité, la possibilité de suivre des spécialisations et la formation continue avec soutien financier et remplacement sur le terrain.

Bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les infirmiers. En d’autres termes :

  • opportunités et moyens financiers pour une rémunération correcte, où les soins à domicile gagneront également en importance dans un avenir proche et seront valorisés par une nomenclature élargie ;
  • organisation flexible du travail pour les infirmiers ;
  • représentation suffisante des infirmiers dans le domaine professionnel en vue d’assurer des soins de qualité et de réduire à la fois la charge de travail et le stress qui en découle. Cela sera également profitable au demandeur de soins et aux autres prestataires de soins.

Nous espérons que ces priorités contribueront à exprimer les arguments en faveur des actions.

 

L’équipe de Coordination AUVB-UGIB-AKVB


L'Union Générale des Infirmiers de Belgique va au Conseil d'Etat

L’Union Générale des Infirmiers de Belgique va au Conseil d’Etat

L’Union Générale des Infirmiers de Belgique (AUVB-UGIB-AKVB) a déposé un recours en annulation auprès du Conseil d’État de l’Arrêté royal du 27 février 2019 modifiant l’Arrêté royal du 12 janvier 2006 fixant les activités infirmières qui peuvent être effectuées par des aides-soignants et les conditions dans lesquelles ces aides-soignants peuvent poser ces actes. L’AR a été publié au Moniteur belge le 18 mars 2019 et entrera en vigueur le 1er septembre 2019.

En soi, cette mesure n’est pas mauvaise. Dans un secteur des soins de santé en pleine croissance, toute aide est en effet la bienvenue. L’élargissement de l’éventail des tâches dévolues aux aides-soignants permet aux infirmiers de disposer de plus de temps et d’espace pour mettre leurs connaissances plus spécialisées au service du patient. Cependant, l’impact de cette mesure est insuffisant. Selon l’AUVB-UGIB-AKVB, les exigences de formation pour les actes infirmiers supplémentaires sont manifestement insuffisantes pour garantir la qualité des soins. Non seulement la responsabilité médicale légale des infirmiers, sous la supervision desquels des aides-soignants travaillent, est compromise, mais la santé publique et la sécurité des patients sont également mises à mal. Comme l’arrêté attaqué n’offre manifestement pas de garanties de qualité suffisantes, l’organisation faîtière dépose ce recours.

Cinq tâches supplémentaires

Aujourd’hui, les aides-soignants peuvent poser 18 actes infirmiers spécifiques sur délégation d’un infirmier. Il s’agit, par exemple, des soins d’hygiène des patients, de la prise du pouls et de la température corporelle du patient, ainsi que de mesures de prévention des infections ou des escarres. Aujourd’hui, cinq tâches spécifiques sont ajoutées, comme l’administration de gouttes ophtalmiques ou la mesure du taux de sucre ou de la tension artérielle. Les entités fédérées doivent dès lors veiller à ce que, à partir du 1er septembre 2019, la formation de base soit adaptée afin que les futurs aides-soignants diplômés disposent des compétences adéquates. Selon le nouvel AR, pour pouvoir effectuer les tâches supplémentaires, les aides-soignants actuels devront suivre une formation d’au moins 150 heures effectives dont la moitié peut être constituée de stage. Les aides-soignants en activité qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas suivre cette formation pourront continuer à travailler en tant qu’aides-soignants, mais ne seront pas autorisés à effectuer ces tâches supplémentaires.

Un titre professionnel, trois types d’aides-soignants

Selon l’AUVB-UGIB-AKVB, la création de trois catégories d’aides-soignants (les aides-soignants actuels avec ou sans formation supplémentaire et les futurs aides-soignants), en combinaison à des exigences de formation insuffisantes, est préoccupante. Il ne sera pas possible pour les infirmiers (et les établissements de soins) de déterminer, sur la base du titre professionnel, quels types de soins un aide-soignant est ou non autorisé à poser. Cette situation suscite beaucoup de confusion et d’incertitude auprès des divers professionnels de la santé.

L’AUVB-UGIB-AKVB constate également que pour les aides-soignants existants, les efforts requis et les exigences de formation sont disproportionnellement plus lourds que pour les futurs aides-soignants. L’arrêté attaqué ne prévoit pas non plus de mesure transitoire : même les personnes qui ont suivi une formation d’aide-soignant (ou la première année de soins infirmiers) au cours de l’année académique 2018-2019, doivent suivre ces 150 heures de formation supplémentaire pour pouvoir poser ces actes supplémentaires.

Pas d’élargissement des compétences sans formation appropriée

Cet élargissement et/ou cette modification très limités des exigences de formation des aides-soignants sont loin d’être suffisants pour former les aides-soignants à poser ces nouveaux actes infirmiers qui sont bien plus complexes que les actes qu’ils pouvaient poser à ce jour. Pire encore, cette situation met la santé publique en danger. Avant même de parler de formation supplémentaire, la formation de base est déjà insuffisante pour enseigner les compétences requises !

Avant même l’élaboration de cet arrêté, l’AUVB-UGIB-AKVB a attiré l’attention de la Ministre De Block sur les dangers en matière de santé publique liés à l’absence de formation adéquate des aides-soignants actuels et futurs en vue d’acquérir les compétences nécessaires aux tâches qui leur sont confiées. La Commission Technique de l’Art Infirmier (CTAI) et le Conseil fédéral de l’art infirmier (CFAI) ont appuyé cette initiative. Ces deux instances sont très claires à ce propos : pour que les aides-soignants puissent poser les actes infirmiers supplémentaires, il convient, d’une part, de renforcer et/ou de prolonger la formation existante et, d’autre part, d’améliorer le niveau de fonctionnement des aides-soignants actuels. In fine, il conviendrait d’arriver à une formation de deux ans et 1 280 heures après l’enseignement secondaire.